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Sur les traces de Fabulous Lorenza
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Sur les traces de Fabulous Lorenza
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21 août 2005

God save Queen

Au début, il y a toujours un commencement : http://fabulouslorenza.canalblog.com/

F

Qui est Queen ? Un détective privé auquel je fais parfois appel pour mener à ma place des recherches sur le terrain. Queen n’a pas vraiment d’âge ni de visage, il est anonyme. Donnez-lui les traits que vous voulez.

Le seul contact que j’ai avec Queen : un fax. Queen me faxe ses rapports. Il est méticuleux, parfois lyrique. A de rares exceptions, toutes ses phrases commencent par je ou j’ai.
Je reçois ses fax chaque matin à 10h10 précises.

Hier, une source anonyme m’a informé que mademoiselle Lorenza ne fréquentait plus le salon de thé « A chacun sa tasse ». Tard dans la nuit, j’ai missionné Queen - un jour plus tôt que prévu. Voici son rapport de 10h10 :

Monsieur Auster,

J’étais le premier client. J’ai commandé un thé rare et trois pâtisseries hors de prix pour créer un a priori favorable. J’ai engagé facilement la conversation avec le personnel. J’ai glissé une allusion sur Lorenza, comme vous me l’avez suggéré.

Transcription exacte d’après enregistrement :

- Lorenza ne m’a pas menti, votre établissement vaut le détour.

- Vous connaissez Lorenza ? Vous êtes de Lyon ?

- Non, je ne suis pas de Lyon. Dire que je connais Lorenza est un grand mot. J’ai quelque chose que je dois lui remettre et ça m’ennuie parce que j’ignore où elle vit.

Silence, je bois mon thé, je reprends :

- Vous pourriez m’aider ?

Silence. L’autre finit par dire :

- Vous pourriez demander à Adeline.

- Adeline ? 

- Oui.

- D’accord, je vais demander à Adeline.

Silence. Je bois. Je reprends :

- Mais je ne connais pas Adeline.

- Adeline, c’est la demoiselle assise là-bas.

Je me retourne vers une table. Une jeune femme est rentrée dans l’établissement sans que je la remarque.

Je m’approche d’elle, j’attaque frontalement :

- Bonjour, il faut que je remette une lettre à Lorenza.

Adeline me regarde. Semble me reconnaître puis décide que nous sommes des inconnus. Elle reprend son premier sourire, m’en offre un second, plus circonspect.

- Je peux lui remettre votre lettre, si ça vous arrange.

- C’est bien, ça m’arrange.

Nous nous regardons. Elle dit :

- C’est urgent ?

- Sûrement.

Elle hausse les sourcils. Je reprends sans lui laisser le temps de penser :

- Mais je ne sais pas si nous parlons de la même Lorenza. C’est embêtant que je vous donne cette lettre si c’en est une autre.

Adeline réfléchit. Puis dit :

- Parlez-moi de Lorenza, je vous dirai si c’est la même.

- Je ne peux pas vous dire grand chose.

Nous réfléchissons. Adeline sort une photo de son sac.

- Ma Lorenza, c’est elle.

Discrètement, je photographie la photographie avec mon téléphone. Je dis :

- On ne la voit pas bien, mais je pense que c’est elle. Tenez.

Je lui donne l’enveloppe vide et scellée sur laquelle j’ai écrit LORENZA.

Elle se lève. Nous nous saluons. Elle quitte l’établissement. Je ne la retrouve pas dans la rue. Filature impossible.

J’attends vos instructions.

Voici la photographie prise par Queen ce matin.

F

photo

Paul Auster

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Commentaires
P
Queen est aussi fichtrement cher !
Q
Ce sacré Queen est fichtrement perspicace...
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